Georges Duhamel


Georges Duhamel naît à Paris le 30 juin 1884 dans le XIIIème arrondissement, troisième enfant d’une famille qui vit chichement des activités d’un père fantasque et ombrageux.  à la  fois redouté et respecté, c’est lui qui inspira au romancier, plus tard, le personnage du père Pasquier: (Chroniques  des Pasquier).  Malgré cette enfance perturbée par les nombreux déménagements de sa famille, il parvient cependant à obtenir son baccalauréat en 1902 ; il décide alors de devenir médecin tout en s’adonnant aux lettres.

Chirurgien sur le Front   

Quand la guerre éclate en août 1914, Duhamel a 30 ans. Brisés les rêves du poète et du dramaturge qui souhaitait se consacrer à la création littéraire et à le recherche biologique ! Pendant 4 ans, Duhamel chirurgien aux armées et souvent près du front en Champagne, à Verdun ou sur la Somme, opère, soigne, assiste des malades, des blessés, des mourants, des hommes fauchés en pleine jeunesse. L’épreuve est douloureuse, ineffaçable.

C’est pour que rien ne s’oublie des souffrances endurées par ces jeunes hommes qu’il découvre sa véritable mission : celle de témoigner, de parler pour ceux qui ne le peuvent pas et d’abord, révéler à travers les épreuves, la grandeur et la dignité de l’âme humaine.

Deux ouvrages, écrits sur le front lors des périodes d’accalmies, sont successivement publiés : Vie des Martyrs (1917) et Civilisation (sous le pseudonyme de Denis Thévenin) qui reçoit le Prix Goncourt en 1918.

Rendu à la vie civile, il  se  consacre désormais entièrement aux  Lettres et   à la défense d’une civilisation à visage humain. En 1919, il découvre, en Île-de-France, dans la vallée du Sausseron, Valmondois, village où il passera tous ses étés et terminera sa vie.

Au retour de la guerre, convaincu de sa mission d’écrivain, Georges Duhamel entreprend de parcourir le monde pour connaître, comprendre les peuples et “faire acte d’enseignement”. Le voyage de Moscou (1927) pressent “l’ordre implacable”, la loi de fer avec une clairvoyance et une indépendance d’esprit qui resteront les marques de l’auteur. L’ouvrage qui suit, la découverte des Etats-Unis, Scènes de la Vie Future (1930), dénonce les excès des mœurs d’une société vouée au mercantilisme et à la consommation, incapable de résoudre la question raciale, cause de haine, plaie incurable au flan de la prospérité américaine.

Ce livre connaît un succès immédiat et donne à l’écrivain un public large qui, au-delà de la seconde guerre mondiale, restera fidèle à sa conscience libre et lucide de témoin. Jusque dans les années 60, articles et essais prennent  la défense de l’individu seul et ne cessent de s’élever contre les pollutions et les agressions des techniques, contre l’emprise de plus en plus pressante de l’état, contre les embrigadements de l’esprit. Il ne manque jamais de rappeler le rôle du livre et de la lecture, instrument fondateur de notre culture, moyen de connaissance, source d’enrichissement de la personnalité.

En 1935, il est élu à l’Académie Française. Nommé “secrétaire perpétuel provisoire ” pendant la guerre 1939/1945, il voit son œuvre interdite par les Allemands. Il tient tête courageusement à la pression de l’occupant et à la fraction pétainiste de l’Académie française, position pour laquelle le Général de Gaulle le remerciera publiquement plus tard.

Après la guerre, il est nommé président de l’Alliance française. Il entreprend de nouveaux et grands voyages en faveur de la culture française à travers l’Amérique, l’Afrique et une partie de l’Asie, pour relancer les écoles de  l’Alliance à l’étranger. De ses observations et rencontres naissent de nombreux témoignages.

A partir de 1960, sa santé décline, il réduit beaucoup ses activités, et il meurt à Valmondois le 13 avril 1966. Il repose dans le petit cimetière du village situé au flanc de la colline qui domine la vallée du Sausseron.