René Arcos (1881-1959)


René Arcos, poète et romancier est né dans la banlieue parisienne à Clichy-la-Garenne. Il était d’ascendance  espagnole par son père, bretonne par sa mère. En1903, il publie son premier recueil de poèmes “L’Ame essentielle ” et fait la connaissance un an plus tard de  Charles Vildrac et Alexandre Mercereau; très peu de temps après il sera présenté à Georges Duhamel. Arcos qui  travaille alors comme dessinateur chez le père d’Albert Gleizes, présente au groupe Berthold Mahn.

C ‘est en novembre 1906 qu’il découvrit la propriété idéale de la rue du Moulin, à Créteil, en compagnie de Charles  Vildrac et de son épouse. Tous les trois furent séduits par la beauté et la singularité du site.

Mais en 1907, aux grandes espérances et exaltations du poète, s’opposent ses désillusions devant la dissolution de  cette communauté artistique et fraternelle ” l’Abbaye “, dont il fit partie. Il aura des phrases pleines d’amertume: ” Si  nous écrivons un jour, l’histoire complète de l’Abbaye, nous pourrons consacrer tout un chapitre aux ”  mi1lionnaires”. Plusieurs ont feint de s’intéresser à nous”. Si aucun d’eux ne nous a vraiment aidés en quoi que ce soit,  tous ont réussi à nous soutirer quelque chose.

Cependant, malgré la séparation des Amis “, Arcos, fidèle à ses compagnons, continue à oeuvrer dans l’esprit de  l’Abbaye. En 1909, il loue avec Mercereau un appartement, boulevard du Port-Royal; ils y organisent tous deux des  réunions auxquelles assistent artistes, écrivains, savants et hommes politiques. Au cours de cette même année, René  Arcos effectuera une tournée de conférences sur la jeune poésie française, en Europe et au Proche-Orient.

Comme nous pouvons le constater, l’amitié et l’honneur demeurent pour le poète des constantes essentielles dans sa  vie d’homme et d’écrivain. La guerre y apportera cependant des fêlures mais aussi un indéfectible attachement à Romain Rolland dont il va découvrir la personnalité et aux côtés duquel il s’engage. Il se fait bientôt réformer, et accepte d’être le correspondant de guerre (1914-1918) du journal américain ” The Chicago Dally News”, pour lequel  il passe de France en Italie, de Grèce en Egypte, avant de s’établir en Suisse, non point “au-dessus de la mêlée “, comme ses détracteurs ont pu l’écrire, mais  au contraire pour mieux la ressentir et en dénoncer toutes les souffrances.

En 1918, il fonde avec Frans Masereel, les Editions du Sablier, à Genève. En 1923, en compagnie de son ami Romain Rolland, il participe à la création de la revue “Europe” dont il restera  rédacteur en chef jusqu’en 1940 .

 

Extrait de “Patrie européenne” dans le N°1 de la revue “Europe” en février 1923 par René Arcos

Europe, artificiellement morcelée en États qui se font et se défont sans cesse au hasard des guerres ! Pas un lambeau de territoire qui n’ait été possédé tour à tour par vingt peuples de langues et de races différentes ; pas un fief qui n’ait changé cent et mille fois de propriétaire. Mais depuis des milliers d’années, sans souci des déplacements de frontières, les beaux fleuves ont continué de parcourir les terres habitées. Les montagnes ont pu maintes fois changer de nom, leur structure est restée la même. Les séparations que chaque nouvelle guerre modifie et que les derniers vainqueurs affectent toujours de croire définitives, demeurent arbitraires. L’Europe est la patrie unique de la race indo-européenne. Aucun des États dont elle est composée n’est habité par un peuple entièrement autochtone. En notre pays même tous les sangs se sont mêlés : le celtique, le germain, le romain, le normand. Aucune des frontières qui séparent actuellement les nations n’est justifiée par des raisons valables. Les nôtres sont impuissantes à nous faire oublier, par exemple, qu’il y a plus de différence entre un Breton et un Marseillais qu’entre un homme de Cologne et un de Nancy. Trente siècles de civilisation ont fait l’Europe. Qui donc pourrait définir exactement la part d’honneur qui revient à chaque peuple ? Quel clan oserait se dire supérieur à tous les autres ?

 

 

Poésie

Tragédie des espaces ( Abbaye 1907 )  Le sang des autres      ( 1919 )
Ce qui naît                ( 1910 )

 

Souvenir

Romain Roland ( 1950 ) 

 

Récit

Autrui ( 1929 ) Transposition romanesque de la faillite de l’Abbaye

 

Site à Visiter : http://www.editions-verdier.fr/banquet/n41/europe1.htm